Rendez-vous à Lisburn
une nouvelle
Rendez-vous à Lisburn est une nouvelle de 59 pages. La couverture m’a donné du fil à retordre car les logiciels transformaient mes dessins en dames qui ne correspondaient pas à ce que je cherchais. Je pense avoir trouvé un bon compromis car Isabelle-Rose a un style années 90 sans paraître ni trop rustique ni trop branchée.
Comme tous mes autres récits, le manuscrit a été maintes fois retravaillé et il est basé sur une anecdote réelle : en 1998, des amis et moi sommes allés à un festival de musique à Galway (Garbage, Pulp, Cornershop) et sur le chemin du retour vers Belfast, nous sommes tombés en panne avec notre Lada près de Croagh Patrick, près de Castlebar. Nous avons campé pendant quelques jours avant de rentrer avec une Fiat Panda. La Dodoche dans cette histoire est celle de ma grand-mère Yvonne. Je mentionne aussi une communauté en France, une petite référence à Brannoux près de Millau où j’ai fait du bénévolat en 1993. L’un des personnages s’appelle Dalriada Hawthorn, une idée pour un pseudo dans le style de Game of Thrones.
Dès 1998, je pensais utiliser le récit de cette aventure pour une fiction. En 2003, je l’avais transposée en 1982 avec d’autres personnages pour mon site web, puis elle est restée ainsi et a fait partie de mes premières expérimentations en auto-édition à partir de 2008. Je l’ai reprise en 2020 car cette histoire avait le potentiel de raconter mes impressions d’Irlande, une île où j’ai vécu pendant 25 ans. C’est alors que la chronologie avec l’Accord du Vendredi Saint m’a paru logique. Elle est parue en 2022 dans une série de nouvelles intitulée Voyages.
Lorsque l’année dernière, j’ai transformé Voyages en La Granvillaise, cette nouvelle s’est retrouvée seule car la chronologie ne fonctionnait pas avec mon nouveau roman qui se situait entre 1937 et 1947. Donc c’est Madame Katz qui s’est retrouvée à Paris dans la boutique de 1937 tandis qu’Isabelle-Rose travaille dans le même secteur de la mode mais bien des années plus tard.
J’ai ajouté les scènes du Mont-Saint-Michel après l’avoir visité en 2021. Comme dans tous mes autres romans, il y a un élément spirituel dans mes textes bien que je ne me considère pas comme quelqu’un qui écrit sur la religion. Pour moi, la spiritualité est quelque chose de culturel, propre à chacun et chacune, et qui explique la présence de monuments à des endroits particuliers, des croyances, des superstitions pour en faire quelque chose de magique. Écrire une telle histoire avec pour cadre l’Irlande, longtemps meurtrie par les conflits de religion, me convenait à présent car après 6 ans en France, j’ai pu prendre du recul.
Je ne ressemble pas du tout à Isabelle-Rose qui est une mère de famille car c’est un personnage fictif, mais je dirais que l’Irlande m’a transformée aussi bien dans ma façon de penser que dans ma façon de croire. Je suis moins cartésienne qu’avant 1994. En Irlande, j’ai pu expérimenter et me réinventer. Voilà pourquoi il y aura toujours une part d’Irlande en moi.
Et puis, la presqu’île du Cotentin est un peu comme une île, non ? Quand je suis revenue en France, je ne voulais surtout pas partir trop loin de l’Irlande donc à présent je suis en face, et j’espère que je la reverrai un jour pour une visite.
Et pourquoi Lisburn dans le titre ? En 1994, alors que je travaillais pour l’Alliance Française de Belfast, de nombreux francophiles habitaient cette ville et chaque samedi après-midi, je m’y rendais pour donner des cours de français à des enfants. Chaque endroit qui a une signification particulière pour moi se retrouve un jour ou l’autre dans mes romans.